Un livre retraçant l'histoire du magazine de la CGT de 1909 à 2009, va paraître très prochainement aux éditions du Cherche-Midi, au prix de 30 euros.
Un siècle d'aventures et de luttes concentré dans un 1766 pages.
Dans moins d'un mois, la Vie Ouvrière fêtera son centième anniversaire. Le fait, rare dans la presse française, l'est plus encore dans le secteur fragile des journaux engagés ou militants. L'aventure de cet emblème de l'expression des luttes des travailleurs vaut bien qu'on la raconte, et c'est à cette tâche que se sont attelés Denis Cohen et Valère Staraselski. L'un est dirigeant syndical, l'autre, écrivain, a longtemps exercé des responsabilités importantes dans la presse du monde du travail. Un tandem bien placé pour faire revivre cette aventure éditoriale et humaine hors du commun.
En 1909, la CGT a quatorze ans. Fondée au congrès de Limoges en octobre 1895, elle avait un hebdomadaire, la Voix du Peuple. Mais elle est divisée, ses militants pourchassés voire emprisonnés par la police de Clémenceau. C'est alors qu'un ancien anarcho-syndicaliste, Pierre Monatte, s'associe avec quelques amis pour créer une revue d'information et de réflexion, paraissant le 5 et le 20 de chaque mois, dans le but "de donner à l'ouvrier la science de son malheur".
En trois mois, cinq cent cinquante abonnements sont souscrits : le seuil de rentabilité est atteint. Des chiffres difficiles à comparer à ceux aujourd'hui, mais qui permettent au bimensuel de se développer, de gagner en influence - sa diffusion triple en deux ans - et de passer du statut de journal de tendance à celui de pivot de la circulation de l'information et des idées, et cela malgré des difficultés financières incessantes, qui semblent un invariant de la presse syndicale et politique dans notre pays.
L'ouvrage proposé par Denis Cohen et Valère Staraselski permet de suivre, année après année, ce siècle de VO. On y voit les grands moments, les années noires. Celles de la Première Guerre mondiale, de la CGT sombrant dans l'union sacrée, où Monatte démissionne en signe de protestation. Heures de division, avec la scission de l'après-guerre, où la VO, logiquement, devient l'organe de la CGTU. Heures de combat et d'unité avec la réunification, le Front populaire. Et on lira, presque au quotidien, la chronique de la résistance et la libération.
Ce feuilletage au long cours encadre, au centre de chaque double page, des coups de projecteurs sur des sujets politiques, culturels, sociaux qui illustrent souvent l'ouverture et l'esprit pionnier de la revue.
Un ouvrage passionnant qui ouvre sur les perspectives contemporaines et les transformations nécessaires pour demain. Et aussi un bel objet à offrir ou se faire offrir.