mardi 30 juin 2009

AFFICHES ET LUTTES SYNDICALES DE LA CGT

Nous profitons de la parenthèse estivale pour vous inviter à faire un petit voyage dans l'histoire à travers une série d'affiches relatant les luttes ouvrières d'avril 1895 jusqu'aux années 1900.
Se promener dans cette exposition c'est un peu comme regarder un album de famille. Tous les évènements évoqués ont été vécus, parfois douloureusement, par des hommes et des femmes. En regardant ces affiches on ressent leur joie devant les victoires remportées ou leur douleur et leur colère quand la répression s'abattait sur eux.

Ces affiches savent nous parler. De petits textes les accompagnent.


Mains serrées


Et l'homme sera seul...
Vit-on jamais régime construit sur un tel paradoxe ?
Alors qu'il allait concentrer dans la production des milliers de travailleurs, servants anonymes du dieu Machine, il se forgea sur la fiction de rapports individuels entre les hommes.

Hommes libres, certes, mais seuls !

Détruisant, interdisant, au nom de l'égalité et de la liberté, toutes les "coalitions" précapitalistes (ce fut l'oeuvre historique de Le Chapelier), il ne voulut connaître que le contrat engagé entre deux hommes, seuls.

Seul, le "salariant", maître de lui, détenteur du capital... donc des autres.
Seul, le "salarié", maître de lui... et de rien d'autre.
"Je consens à t'employer, et voici mes conditions..."
"J'accepte ton contrat, et voici mon travail... "

Il fallait rompre ce tragique isolement. Il fallait, rejetant le mensonge juridique d'un contrat égalitaire, obtenir un rapport de forces qui ne fût plus à sens unique.
"Vae soli" disait l'Ancien !

Telles furent nos sources. Construire l'entraide, bâtir l'unité, organiser le secours mutuel. Et déjà, au départ, l'image symbole qui toujours restera : les deux mains serrées...

L'idée du syndicalisme était en germe.

Salarié, tu n'es plus seul !

AVANT MÊME L'AFFICHE... l'on put lire cette "annonce" qui n'était ni fichée, ni fixée sur mur. Mais, reprenant la tradition des paroisses et des confréries, proclamait au long des rues l'existence et la nature de l'organisation. Et savait, illustration à l'appui, dire l'essentiel : "Aidons-nous les uns les autres."


Les 72 jours... ou l'idée invincible

"On l'a tuée à coups d'chassepots
A coups de mitrailleuse
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyant la plus forte
Tout cela n'empêche pas. Nicolas,
Qu'la Commune n'est pas morte"

Eugène Pottier

A 40 000, ils s'étaient battus quatre jours durant contre un ennemi quatre fois supérieur en nombre : après la révolte des Canuts, la révolution de 1848 avait révélé la force de cette classe ouvrière montante. Dorénavant, elle avait entrepris de se battre pour elle et pour ses propres objectifs. Et si elle n'avait pas vaincu, il était certain qu'elle profiterait de la première occasion pour s'affirmer avec encore plus d'audace...

En 1871, elle saisit l'occasion et elle le fait avec une témérité folle ! L'Histoire ne lui laissera guère de temps, et pourtant, en 72 jours, elle va réussir à planter les jalons d'une forme d'Etat absolument nouvelle : l'Etat socialiste.

Et ces gouvernements d'un type nouveau, qui se fixent un salaire annuel de 6 000 F (le salaire d'un ouvrier), confrontés aux difficultés quotidiennes de la gestion, de la défense et de la guerre, vont cependant réaliser une oeuvre "sociale" considérable. Ils suppriment le travail de nuit pour les ouvriers boulangers, ils abolissent le système des amendes patronales sur les salaires, ils garantissent un salaire minimum, ils réorganisent les bureaux de placement, ils décrètent l'enseignement laïque, obligatoire et gratuit pour tous, ils ouvrent un atelier dans chaque arrondissement pour procurer du travail aux femmes. Et surtout, ils prennent une mesure qui soulèvera d'indignation le patronat de l'époque : la remise aux chambres syndicales ouvrières de tous les ateliers abandonnés par leurs propriétaires, afin que les travailleurs les gèrent eux-mêmes.

La Commune répondait ainsi aux revendications et aspirations ouvrières. Au plus profond d'elle-même, elle était ouvrière. Le premier gouvernement ouvrier. Aussi, quand les chambres patronales entament des pourparlers de conciliation avec les Versaillais, les chambres syndicales ouvrières répondent-elles fièrement : "Non, il n'y a pas de conciliation possible entre nous, travailleurs, et les royalistes de Versailles. Notre défense contre l'agression atroce et sauvage que nous font ces ennemis de la République, c'est le socialisme luttant contre la féodalité financière, le progrès contre l'obscurantisme; nous vaincrons, et de notre victoire surgiront l'affranchissement des salariés et l'indépendance de peuples... Vive la Commune. Vive la République sociale."

Ils n'ont pas vaincu, mais cependant furent victorieux. Car, leur idée, personne n'a jamais pu la mettre à terre...

Aucun commentaire: