jeudi 2 juillet 2009

AFFICHES ET LUTTES SYNDICALES DE LA CGT (suite)

La résurgence



Les bourreaux de la Commune pensaient avoir fait oeuvre définitive. Ils se trompent, "la Commune n'est pas morte" ! Bien que blessé, saigné, décapité, le mouvement ouvrier, avec une rapidité surprenante, va retrouver force et vigueur.

Cependant, le capitalisme français s'est fait distancer sur le plan du développement industriel. La France accuse un net retard par rapport à "l'usine du monde" (l'Angleterre). La grande industrie reste l'exception ; la petite manufacture à la limite de l'artisanat entretient la persistance des traditions du métier. Ce qui explique l'aspect très "parcellisé" des organisations ouvrières. En 1881, on comptera 500 chambres syndicales, telle cette chambre syndicale des ouvriers de l'industrie lainière de Reims. Certaines d'entre elles s'unissent en Fédérations de professions, quelquefois d'industries. Dans les Ardennes, sous l'impulsion de Jean-Baptiste Clément, héros de la Commune, se constitue une "Fédération des Travailleurs Socialistes des Ardennes", qui, si elle ne connaît pas encore l'actuelle séparation entre parti ouvrier et organisation syndicale, représente une recherche unitaire intéressante. Mais l'existence de ces organismes n'est que tolérée. Plus ou moins ! Et souvent moins que plus... Il arrive qu'on se réunisse le dimanche dans un bois, sous couvert de sortie champêtre, ou le soir à la nuit tombée.

Malgré tout, le développement est tel que le gouvernement ne peut que légaliser un état de fait. Le 21 mars 1884, il reconnaît officiellement l'existence des syndicats.
Dans l'histoire du syndicalisme, ce n'est pas cas unique ! D'une manière générale, les lois arrivent très loin derrière la vie...


L'initiative de la croix-rousse



C'est aux tisseurs lyonnais, héritiers directs des canuts, que revient l'honneur d'avoir les premiers invité les divers syndicats de France à s'unir et à former une organisation nationale.
Les inviter était une chose. Parvenir à ce qu'ils s'entendent en était une autre ! Et pourtant, réunis à Lyon du 11 au 16 octobre 1886, les 110 délégués présents décideront de fonder la "FÉDÉRATION NATIONALE DES SYNDICATS ET GROUPES CORPORATIFS".
Le ministre de l'intérieur, qui s'inquiète fort de l'orientation que peut prendre la Fédération, fait surveiller attentivement le congrès. Ses craintes étaient justifiées, car les délégués, où les réformistes sont minoritaires, adoptent ouvertement une position de classe :
"Toute organisation ouvrière, qui n'est pas pénétrée de la distinction des classes par le fait même de la situation politique et économique de la société actuelle et qui n'existe que pour donner acquiescement aux volontés bourgeoises et gouvernementales ou présenter de petites observations respectueuses et par conséquent humiliantes pour la dignité du prolétariat, ne peut être considérée comme faisant partie des armées ouvrières marchant à la conquête de leurs droits."
Dans son adresse aux syndicats, la direction de la Fédération écrira : "Montrons à nos exploiteurs que, si nous avons su trouver la source de nos maux, nous avons su aussi en trouver le remède."
C'est sans doute là un optimisme quelque peu hâtif... La fédération ne réussira pas à cristalliser l'ensemble du mouvement syndical. Elle n'évitera pas nombre d'erreurs. Elle constituera cependant la première organisation professionnelle de dimension nationale.

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