mercredi 22 juillet 2009

AFFICHES ET LUTTES SYNDICALES DE LA CGT (suite)

Dûment daté...



Cette affiche date. Nous tenons à le préciser d'emblée. D'ailleurs, c'est l'évidence puisqu'il y est fait mention de gabegie, de gaspillage, de dilapidations (qu'elle est riche la langue française !). Plus grave encore, de malfaçons, de marchés de complaisance, d'adjudications truquées... Horreur !

On va jusqu'à nous montrer du doigt une certaine "maison suédoise" (qui cela pouvait-il bien être ?) et certaines "maisons américaines" (vraiment, cela est-il pensable ?), qui auraient été les instigatrices et les bénéficiaires de ces procédés pas très jolis, vous en conviendrez.

Mais puisque cela date, il n'y a pas lieu de fouetter un chat... A bien y réfléchir cela doit remonter encore plus loin que ces malodorantes affaires de corruption qui ont éclaboussé, il n'y a pas si longtemps, certaines têtes de haut prestige dans quelques pays d'Europe et d'Asie...

Vrai, 1909, que c'est loin...

Retraites pour les morts ?



La loi du 5 avril 1910 portant création de "retraites ouvrières et paysannes" (elle devait entrer en application en 1911), va soulever un immense débat dans la CGT et occupera pour une bonne part les travaux du congrès de Toulouse (octobre 1910).

Certes, il s'agit là d'une très ancienne revendication de la CGT puisqu'elle fut formulée dès son premier congrès en 1895. Mais, pour l'heure les syndicalistes s'interrogent sur la valeur de cette loi et sur des dangers qu'elle présente. Fallait-il accepter le principe du "versement ouvrier", qui leur apparaissait comme une baisse des salaires déguisée? Et ce "livret de retraite" sur lequel serait inscrits les versements des travailleurs, ne pouvait-il pas devenir un véritable casier judiciaire du travail ? Et les patrons n'allaient-ils pas utiliser l'argent ainsi recueilli pour renforcer l'exploitation ?

En résumé, trois grands reproches sont faits à la loi : des retraites insuffisantes, qui arrivent beaucoup trop tard et, surtout, des fonds gérés par les seuls patrons et dans leur intérêt.

De là le problème à résoudre : Quelle attitude adopter ? Faillait-il accepter la loi telle quelle ou la rejeter ? Ou encore, lutter pour son amélioration ? Le débat cristallise les deux grandes tendances qui l'une et l'autre s'exprime au congrès : le courant réformiste et le courant révolutionnaire. Finalement, à une forte majorité, le congrès rejette la loi.

D'une manière plus fondamentale, il s'agissait pour le mouvement syndical de rechercher l'attitude juste à adopter devant la légalité dite "bourgeoise" ! Un problème difficile et complexe. Comment éviter à la fois une position légaliste absolue (qui reviendrait à une soumission), mais aussi la position du "tout ou rien" qui laisserait les travailleurs démunis ?

En réalité, la campagne vigoureuse menée par la CGT contre "les retraites pour les morts" aboutira en 1912 à une première modification de la loi.

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