mercredi 8 juillet 2009

AFFICHES ET LUTTES SYNDICALES DE LA CGT (suite)

La bourse du travail



A l'origine, l'idée n'était pas exempte d'un certain paternalisme. Il s'agissait, selon ses promoteurs, de construire "un refuge clos et couvert afin d'abriter les nombreux groupes d'ouvriers qui se réunissent chaque matin pour l'embauchage". Mais les militants, tout en conservant l'aspect "aide aux chômeurs", transformèrent l'idée initiale et firent des Bourses du Travail le "point de rencontre" de toutes les organisations professionnelles d'une localité.
Ainsi, comme l'expose lui-même Fernand Pelloutier, qui impulsa profondément cette création, "la Bourse du Travail, centre de réunion des organisations ouvrières, allait avoir pour premier résultat de nouer entre elles de solides et permanentes relations, c'est-à-dire de leur permettre cette entente, cette éducation mutuelle dont l'absence avait été jusqu'alors l'insurmontable obstacle à leur développement et à leur efficacité".

Très naturellement se fit sentir le besoin de coordonner l'activité de toutes ces bourses, ce qui fut réalisé en février 1892 par la création de la Fédération nationale des Bourses du Travail. Ainsi, aux côtés de la Fédération des Syndicats, était constituée la deuxième grande composante de notre mouvement syndical. La conjonction de ces deux organisations donnera naissance à la CGT.


La naissance




En voyant apparaître cette affiche sur leurs murs, combien d'habitants de Limoges imaginaient qu'elle anonçait un évènement historique pour le syndicalisme français ? En effet, c'est dans cette ville qu'en septembre 1895, à l'issue du congrès des métallurgistes, va naître la CGT.

Certes, le besoin en était pressant. Le mouvement syndical ressemblait fort à ce "capharnaüm" évoqué par un délégué à la tribune du congrès. On y trouvait la puissante (et quelque peu fière) Fédération des Bourses du Travail, puis, entretenant des rapports tendus avec celle-ci, la Fédération nationale des Syndicats, elle-même divisée, et encore de multiples organisations isolées, d'appellations, de natures et d'importances fort dicerses : chambres syndicales, syndicats nationaux, cercles corportatifs, fédérations départementales, syndicats locaux, etc. L'union sévérait nécessaire, c'était une évidence pour tous, mais les tentatives précédentes (la dernière datait de l'année précédente) avaient toutes tourné court. A Limoges, l'objectif espéré est atteint. Les 28 Fédérations, les 18 Bourses du Travail et les 126 chambres syndicales représentées décident de créer une organisation unique.

"Entre les divers syndicats et groupements professionnels de syndicats d'ouvriers et d'employés des deux sexes existant en France et aux colonies, il est créé une organisation unitaire et collective, qui prend pour titre : CONFÉDERATION GÉNÉRALE DU TRAVAIL."

Le congrès définit pour la nouvelle organisation une orientation de classe. Il affirme sa volonté de réaliser "la suppression de l'exploitation de l'homme par l'homme" et fixe comme ligne d'action "d'unir sur le terrain économique et dans des liens d'étroite solidarité les travailleurs en lutte pour leur émancipation intégrale."

Le départ est pris... mais le démarrage sera lent. Il faudra attendre 1902 pour que se réalise la véritable fusion entre la Fédération des Bourses et celle des syndicats.

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